Chapitre 6

Point de vue de Jasper

Ca faisait neuf heures que je roulais sans relache avec SA Porsche, un pied posé sur l'accélérateur, l'autre posté prudemment près du frein. Je zigzaguais dangereusement entre les voitures, les voyant à peine, les yeux voilés par la tristesse. Je n'avais jamais vraiment regretté ma condition de vampire car elle m'avait permise de trouver Alice, la femme de ma vie. Enfin, l'ancienne femme de ma vie... Mais maintenant, le fait de ne pas pouvoir pleurer m'agaçait et me mettait en colère. J'en avais besoin, je devais me défouler, laisser ma rage s'évacuer et les larmes me semblaient la meilleure façon de le faire. Malhaureusement, et comme pour beaucoup d'autres choses, je n'y avait pas droit...
Je jetai un vague coup d'oeil dans mon rétroviseur et me raidis en croisant les yeux de Maria. Elle avait insisté pour nous accompagner et avait joué un rôle majeur dans notres escapade. Malheureusement le voyage n'avait servit à rien. Le souvenir de notre arrivée au Canada hantait ma tête:

"Nous roulions depuis plus de 12 heures quand nous arrivâmes enfin à destination. Nous avions immediatement sentit l'odeur d'Alice et nous courrions dans cette direction. Néanmoins, la surprise nous avait fait stopper net. Il n'y avait pas une odeur mais bien deux. Etroitement entremélées. Emmett et Carlisle s'étaient approchés et avaient examiné le sol.
-Il y a eu un combat, une confrontation, j'en suis certain! avait annoncé le géant en montrant les traces de lutte qui effectivement emplissaient l'endroit.
-Alice? Alice s'est battue? Mais avec qui? la voix de Rosalie s'était envolée dans les aigus.
Brusquement, Renesmée s'était approchée de son père et avait posé sa menotte dodue sur sa joue. Il avait écouté sa fille pendant quelques instants avant d'étouffer un cri de surprise.
-Renesmée...avait-il murmuré, elle connait cette odeur! Elle en est certaine! Mais elle ne sait plus d'où elle lui est familière.
J'avais alors laissé échapper un grondement de fureur qui fit frémir toute ma famille. Nous avions une piste pour LA retrouver. Il fallait continuer! Sans un mot, je m'étais remis à courrir et tous avaient suivis le mouvement. J'accélérai encore, aimant la sensation du vent qui fourrageait dans mes cheveux. Quelques instants plus tard, Maria courrait mon côté. Elle m'avait souri lorsque nos regards s'étaient rencontrés et avait longuement contemplé mes yeux qui, miroir de l'âme, reflétaient ma souffrance. Timidement, elle s'était ensuite approchée et, toujours en courrant, avait déposé un petit baiser sur ma joue glaciale. Les autres étant loin derrière, personne n'avait rien vu.

La course avait continué encore et encore, suivant toujours la trace de ma femme, dans un silence absolu. Soudain, la piste disparut. J'avais continué, emporté par mon élan et accompagné du désire fou de LA retrouvée.Extrêmement concentré je n'avais pas remarqué que Carlisle s'était avancé à mon niveau.
-Jasper, avait-il soufflé, il n'y a plus de traces. Il faut que l'on s'arrête. Tout le monde est fatigué.
J'avais ralentit, sans pour autant m'arrêter complètement. Je continuai ainsi pendant une centaine de mètre et fini par lui obéir. Mais une odeur vguement familière m'avait titillée les narines.
-Carlisle!
-Merci, Jasper, de m'avoir écouté nous avons tous besoin de repos!
-De rien, mais Carlisle... Je fus denouveau interrompu par Rosalie qui s'était jetée dans mes bras (j'vous raconte pas mon étonnement!).
-Jasper! Je te promet qu'on va la retrouvée mais, s'il te plait, ne nous fait plus courrir aussi longtemps!
-Tout ce que tu veux mais, Carlisle! Sent cette odeur! C'est la même que celle de ce matin! Il avait humé notre nouvelle piste avant d'acquiesser, pensif.
-Nous sommes sur la bonne voix! Je pense qu'il faudrait mieux...
Il s'était figé, tout à coup. L'oreille tendue. Effectivemment, les bruits d'une course m'était parvenu. Le vampire, car de toutes évidences s'en était un, s'arrêta à quelques mettre de nous..."

Je fus interrompu dans mes pensées par une main qui saisit la mienne et la serra fortement. Je fermais les yeux, juste un instant, m'inscitant au calme tandis que je reconnaissais la texture particulière, plus fine, de la peau de mon ancienne compagne. Venue de nul part, une envie de la prendre dans mes bras me parvint et, déboussolé, je me contenta de l'attirer à moi. Elle posa sa tête sur mon épaule.

Une question s'imposa dans mon esprit: Pourquoi étais-je heureux?